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Réponse aux chevaliers de Ril

Dernière mise à jour : 18 nov. 2022

entrevue extensive par W. D. Killpack III


C'est arrivé au cours de l'été 2021 : J'ai fait mes deux toutes premières entrevues écrites en tant qu'auteur. Celle que je présente ici est la deuxième, et certainement la plus longue. Comme vous verrez, on y couvre pas mal de terrain ! (Au cas où vous vous poseriez la question, voici ici Ma première entrevue d'auteur.


W.D. Killpack III and Nicolas Lemieux, science fiction authors

L'auteur de science-fiction et de fantasy W. D. Killpack III m'a demandé si j'étais intéressé à faire une entrevue d'auteur pour son blog et sa newsletter (dont les membres s'appellent "The Knights Of Ril".


J'ai dit oui, bien sûr.


Il m'a immédiatement envoyé une liste de près de 40 questions.


J'étais abasourdi. Trop de questions!


(Dites-moi combien il y en a exactement dans les commentaires à la fin de l'article : je n'ai jamais réussi à les compter correctement.)


J'ai mis l'épaule à la roue. Il m'a fallu une semaine entière pour parcourir toute la liste.


Mais ça en valait la peine!


Les questions sont pertinentes et intéressantes. Nombre d'entre elles, carrément passionnantes. Elles abordent de nombreux aspects de ma vie et de mon écriture, de mon livre et de la façon dont je pense pouvoir lui trouver un lectorat.


Tout un défi, répondre à toutes ces questions! Non seulement par leur grand nombre, mais aussi parce qu'elles m'ont obligé à réfléchir sérieusement et profondément, et souvent, à des choses auxquelles je n'avais pas véritablement réfléchi auparavant. Je serai éternellement reconnaissant à W. D. Killpack III de me les avoir posées : grâce à la pause-réflexion qu'il m'a poussé à prendre, j'ai découvert de nouvelles idées très personnelles et significatives.


W. D. Killpack III a publié mes réponses sur sa plateforme d'auteur avec quelques modifications et coupes occasionnelles (en anglais).


Il m'en a fallu, du temps, pour me décider à publier l'interview ici, intégralement et sans coupures. Peut-être que j'étais trop occupé. Ou trop paresseux, ou ébahi devant la perspective de cliquer sur toutes ces questions pour les mettre en page... Et sans oublier, toute cette traduction. Votre choix!


Aujourd'hui, je vous propose de vous préparer une bonne tasse de café (ou de thé, ou un petit scotch, ou une bière) et de vous asseoir... (Le vin est aussi une option tout à fait acceptable, tout comme le chocolat. Dites-moi si j'oublie votre préférence en boire ou manger pour la lecture d'une longue, mais je l'espère, fascinante entrevue d'auteur. ;)


Apprêtez-vous à trouver ci-dessous un aperçu exclusif de mon univers et de mes personnages, comme par exemple, la manière dont je choisirais les actrices et acteurs si mon roman devait un jour devenir un film... Et qui sait, si vous vous rendez assez loin et que vous lisez assez longtemps, vous pourriez même aller jusqu'à tomber sur un tout nouvel extrait inédit de mon projet de roman en cours, Sept à la dérive...




Entrevue : Nicolas Lemieux


Nicolas Lemieux, science fiction author - www.nicolaslemieux.xyz
Nicolas Lemieux - Courte biographie Je m’appelle Nicolas Lemieux et j’habite à Montréal avec ma compagne Marie-Claude dans un appartement au troisième étage avec vue imprenable sur une intéressante ruelle verdoyante. Bien que le français soit ma langue maternelle, j'aime surtout écrire en anglais. Mon genre littéraire de prédilection est la science-fiction, principalement le space opera. Je carbure à rêver des mondes étonnants remplis d'une palette vive de personnages durs à cuire et singuliers qui se mêlent à toutes sortes de situations significativement peu ordinaires. Souvent cocasses, parfois inquiétantes, toujours palpitantes. Lisez un échantillon ici : BERCEAU. Réseaux sociaux Twitter - Instagram - Facebook - LinkedIn - Pinterest



Nicolas Lemieux, parlez-nous de vous. D'où venez-vous?


J'ai grandi à Sainte-Foy, une banlieue à l'époque, qui fait dorénavant partie de la ville de Québec. J'ai vécu en France pendant trois ans quand j'avais entre 9 et 12 ans, puis à nouveau au Québec pour l'école secondaire. J'ai étudié les sciences et la physique, puis le chant et la musique classique. J'ai déménagé à Waterloo en Ontario avec ma compagne Marie-Claude pour y travailler ma voix avec un réputé professeur de chant, puis à Montréal, où nous habitons depuis.



Qu'est-ce qui vous a d'abord poussé vers l'écriture ?

D'abord, jouer. Depuis l'âge de six ou sept ans et jusqu'à la fin de mon adolescence, je passais des journées entières avec mes amis à imaginer des aventures fantastiques où nous combattions, à cheval sur des baleines, des pirates de haute mer; où nous inventions des technologies fantastiques capables de nous ramener des morts, de nous rendre aussi petits que des mouches, ou de nous faire voler vers les étoiles pour explorer les monde les plus étranges. Je me souviens qu'un de ces mondes imaginaires était entièrement constitué de sable, mais que son noyau formait un gigantesque diamant.

Ensuite, lire. Par exemple, la lecture m'a permis de traverser les moments difficiles et compliqués de mon adolescence. Elle m'a aidé à faire face à des environnements étranges et parfois hostiles, et elle m'a aidé à traverser des situations familiales difficiles. Lire m'a offert un refuge sûr, loin des couloirs violents de l'école secondaire et de ses petits tyrans - la bibliothèque de l'école a longtemps été mon refuge et j'y ai passé d'innombrables heures inoubliables.

La lecture est la plus puissante technologie de réalité virtuelle jamais inventée, ou qui le sera jamais. Dès que j'ouvrais un livre, je m'y retrouvais complètement immergé. J'en devenais le protagoniste, sa propre chair et son propre sang, traversant le récit comme une seconde vie, buvant son univers narratif dans ses moindres détails. J'en ressortais toujours un peu transformé.

Je veux transmettre cet immense pouvoir. Je veux « donner au suivant », pour ainsi dire. Je veux que mes lecteurs fassent l'expérience de ces réalités virtuelles, et j'espère qu'ils en tireront autant que j'en ai toujours tiré moi-même, et comme je le fais encore de nos jours à chaque fois que j'entre dans un bon livre.

Enfant, je lisais pratiquement tout ce qui me tombait sous la main, mais je préférais l'aventure. Jack London. Jules Verne. Henri Vernes. Puis j'ai découvert la science-fiction. La fantasy. La fiction historique. Les ouvrages non-fictionnels. Retour à la science-fiction.

Bien plus tard, malgré le fait que j'avais bien évolué dans ma carrière de chanteur classique, je me suis trouvé insatisfait de mes possibilités créatives. Jouer et chanter sur une scène était un véritable bonheur, et cela me rapprochait de ce que j'aimais vraiment : me mettre dans la peau des personnages, toucher à ce que c'était que de vivre une tranche de leur vie, encore et encore, en approfondissant un peu plus à chaque nouvelle performance ou représentation… Mais disons d'abord que les opportunités étaient limitées dans cette ligne de travail, et deuxièmement, qu'il y avait tellement de choses que je voulais faire dans la vie, et que je voulais lire et apprendre; je ne voyais pas comment les faire marcher toutes de front. La musique : oui. Vivre d'autres vies par procuration : check. Sciences, physique et technologies : ça me manquait. Création, plutôt que simple exécution? Voilà qui manquait aussi, et je dirais même, encore plus.

C'est alors que j'ai pris conscience d'une chose : l'écriture est le seul moyen d'y arriver. Avec l'écriture, je peux enfin me pencher sur tous ces sujets qui me passionnent depuis toujours mais qui semblent s'exclure les uns les autres - en apparence. Je peux les combiner à ma manière, à l'infini, à mon goût.



vous écrivez de la fiction, mais avez-vous déjà pensé écrire des ouvrages non fictionnels ? Pourquoi ou pourquoi pas?

En effet, ça m'a traversé l'esprit. J'écoute le balado Story Grid Podcast depuis des années maintenant; je suis parti du début et je n'ai jamais manqué un épisode. J'ai écouté, fasciné, alors que l'éditeur Shawn Coyne et l'écrivain Tim Grahl traversaient toutes sortes d'étapes dans le processus de création du premier roman de Tim, The Threshing, et de l'écriture de son livre non fictionnel, Running Down a Dream, un mémoire (Big idea non fiction). Il aurait été difficile d'entendre autant de conseils fascinants sur la non-fiction sans avoir quelques idées de mon cru.

En fait, je conserve des tas d'idées pour plus tard. Déjà, j'en ai accumulé un certain nombre qui n'ont pas reçu l'attention dont elles auraient besoin pour s'épanouir et dévoiler leur plein potentiel. En vérité, avoir les idées, c'est la partie facile. Ce qui est moins facile, c'est d'en faire quelque chose de concret. C'est pourquoi je me concentre en premier lieu sur mon premier roman, Sept à la dérive. Ça fait déjà un bout de temps, et il me reste encore beaucoup de chemin à parcourir.



Quels sont vos objectifs d'écriture ?

Conquérir le monde. Mouahahaha.

Ok, sérieusement. Je veux continuer à apprendre et à progresser afin qu'un jour, je puisse être fier d'avoir mis au monde quelque chose de valable à mes propres yeux. Je suis fasciné par l'idée d'ajouter quelque chose à l'univers, de créer quelque chose là où rien n'existait auparavant, quelque chose de beau si possible, ou du moins, quelque chose d'utile, une chose qui aurait le potentiel de rendre la vie, ne serait-ce que celle d'une seule personne, incrémentalement meilleure ou plus belle, ou bien un peu moins douloureuse... ou tout simplement, plus vive et plus colorée. Au final, je n'imagine pas plus grande satisfaction que d'avoir touché des vies de cette façon avec mes histoires. Si je peux réaliser ne serait-ce qu'un tout petit fragment d'un millième de pourcent de tout ça, je pourrai considérer que ça en valait la peine.

De plus, le processus lui-même me transforme moi-même. Ma propre vie s'en trouve améliorée. Ne serait-ce que pour ça, ça vaut déjà la peine!

Ouin, mais ça en prend, du temps. Beaucoup, et c'est parfaitement bien. Je suppose que je pourrais dire que c'est le projet ultime de ma vie, ou quelque chose du genre. Tsé.

Chaque fois que je me colle les fesses sur une chaise et que j'écris, j'espère que mon écriture s'améliore un peu plus. Je vais continuer à pousser pour ça au cours des prochaines années, et j'aurai plaisir à travailler dur pour le faire. Ça ne me dérange pas du tout de continuer comme ça à tout jamais.

Par contre, tout ça est bien beau, mais si personne n'est au courant, comment mon écriture pourrait-elle jamais toucher quiconque que moi-même ? C'est pourquoi j'ai fait de la croissance de ma plate-forme d'auteur une priorité non négligeable au sein de mon projet, globalement. Bien sûr, gagner ma vie grâce à l'écriture m'offrirait un avantage énorme: Je pourrais passer moins de temps à faire autre chose et plus de temps à écrire. Mais plus important encore, je considère que le fait de tendre la main à de nombreuses personnes est le meilleur moyen de partager mes mondes intérieurs et mes histoires, et c'est déjà bien en accord avec mon objectif premier de toucher des vies.



Dites-nous l'une des choses dont vous êtes le plus reconnaissant en tant qu'écrivain ?

Elles sont légion. J'ai tenté l'expérience et j'ai exploré. Ce faisant, j'ai réalisé que j'étais capable de persévérer et de travailler sur un projet à long terme - et même à très long terme. Un jour de 2018, j'ai pris contact avec ma rédactrice-coach en chef Courtney Harrell. Une première étape qui m'effrayait ! Courtney s'est révélée emballée par mon projet, et nous avons développé une relation de travail extrêmement productive et encourageante.

Je suis également reconnaissant pour les nouvelles technologies qui ont bouleversé le monde de l'écriture au cours des vingt dernières années.


Très franchement, quand j'ai mis mon tout nouveau site web en ligne à la fin de l'année 2020, j'avais quelques espoirs et attentes, mais un plan plutôt simple : site de base, blog naissant, liste de diffusion vide, idées vagues sur ce qu'il faudrait envoyer à mon éventuel lectorat…

Je n'avais aucune assurance et je ne savais pas si tout ça marcherait vraiment un jour, et si je souhaiterais continuer à y mettre du temps et de l'énergie.

Sauf que maintenant, après à peine huit mois (j'écris ceci en août 2021), j'ai déjà été en contact avec plus de gens que je n'avais imaginé. J'ai tendu la main et rencontré (surtout par écrit, jusqu'à présent) des tas de personnes diverses et intéressantes, avec une foule de façons différentes d'être utiles. C'est une très agréable surprise, à laquelle rien ne m'avait préparé.

Ces gens sympathiques et intéressants m'ont offert un conseil par-ci, une dose d'encouragement par-là, une belle suggestion, voire un compliment parfois - et même plus d'une fois en fait. Wow.

Tout cela est fort bienvenu! Merci beaucoup, très chers ami(e)s.

Certaines personnes m'ont ouvert de nouvelles portes, avec des idées comme cette interview très détaillée par exemple, ou avec des échanges de visibilité par infolettre (newsletter swaps)… et bientôt, à ce que j'entends, avec d'éventuelles discussions sur des podcasts, et peut-être même des apparitions sur des chaînes Youtube. À suivre. Je suis constamment en train de m'adapter, d'étendre ma zone de confort et d'essayer de répondre à mille questions cruciales. J'invente mes réponses au fur et à mesure...

Je suis ouvert à tout ça, et infiniment reconnaissant de ce qui est en train de se produire.



Quel est le livre le plus intéressant que vous ayez jamais lu ?

Ayoye, ça fait mal! Juste l'idée de faire un choix ici… Mais je pourrais dire : Anathèm, de Neal Stephenson.

Je demeure généralement conscient, ​​autant que mon cerveau humain limité puisse l'être, de l'infinité des possibilités dans l'univers de la fiction... mais la lecture d'Anathèm m'a donné une vision encore plus élargie de la multitude de ces infinis. Lire Anathèm, c'était un peu comme voir mon cerveau se multiplier par lui-même au carré, puis à nouveau au carré, puis à la n-ième puissance. Avec Anathèm, je me suis gratté la tête et massé les tempes en me demandant si la gelée à l'intérieur de mon crâne était sur le point de fondre comme du chocolat ou de se recroqueviller sur elle-même et disparaître dans une sorte de trou noir mental.

Anathèm est l'un de mes livres favoris de tous les temps. Je l'ai choisi pour ma toute première critique de livre lorsque j'ai commencé à bloguer.



Que lisez-vous actuellement ?

Le pouvoir de la vulnérabilité, de Brené Brown (Daring Greatly). Il y a quelques années, j'ai regardé ses conférences TED virales (en anglais), Le pouvoir de la vulnérabilité et Écouter la honte (honte avec laquelle nous composons toutes et tous). Voilà qui donne à réfléchir : la vulnérabilité est synonyme de courage. La vulnérabilité est une force. La vulnérabilité nous rend plus empathiques et fait des nous des personnes avec qui d'autres ont envie de s'identifier. Il fallait bien que je lise les livres!



Qui sont vos auteurs préférés ?

Élisabeth Vonarburg. Stefan Wul. John Irving. Robert Louis Stevenson. Isaac Asimov. Philip K. Dick. Philippe José Farmer. Antoine de Saint-Exupéry. Michel Tournier. Umberto Éco. J. K. Rowling. J. R. R. Tolkien. Alexander McCall Smith. Diana Gabaldon. Georges R.R. Martin. Kim Stanley Robinson. Grégory Benford. Alastair Reynolds. Neal Stephenson.

Je voudrais mentionner ici aussi, James S. A. Corey (un pseudonyme utilisé par les collaborateurs Daniel Abraham et Ty Franck, auteurs de la série de science-fiction The Expanse.) Je n'ai pas encore lu la série de romans, mais je me suis délecté de l'incroyable série télévisée qui en a découlé.



Qu'est-ce que « vous à 8 ans » dirait de « vous aujourd'hui » ?

J'espère qu'il dirait « cool, de nouveaux mondes et de nouvelles aventures! » À huit ans, je voulais être chanteur et inventeur. Ce n'est plus exactement le cas aujourd'hui, mais j'ai bien été chanteur (classique) pendant un bon bout de temps. À huit ans, je passais énormément de temps à imaginer des réalités alternatives, et cette partie de moi-même est celle que je mets de l'avant aujourd'hui.



Qu'aimez-vous faire lorsque vous n'écrivez pas?

J'aime lire, bien sûr, et regarder beaucoup de films et de séries télévisées, mais je passe aussi un bon nombre d'heures par semaine à être administrateur de systèmes « DevOps » pour l'un des principaux médias ici au Québec. Cela signifie que j'aime bricoler avec des bidules informatiques. De plus, j'aime aller à la piscine locale, j'aime faire de la randonnée et du camping, ou du ski de fond, même si je n'en ai pas fait depuis un moment ; j'aime voyager - idem : ce n'est pas arrivé depuis un moment. Ici, en ville, j'aime prendre de longue marches avec ma compagne, ou seul, en écoutant des podcasts sur l'écriture ou des romans audio, ou de la musique. J'aime explorer les recoins des quartiers environnants. Les ruelles de Montréal regorgent d'une myriade de petites découvertes intrigantes.



Où pouvons-nous en apprendre plus sur vous ?

Visitez mon site Web. Pendant que vous y êtes, ne laissez pas passer l'occasion de télécharger gratuitement BERCEAU, une histoire courte qui s'inscrit dans mon projet de roman en cours d'écriture, Sept à la dérive.




Votre(vos) livre(s)



Parlez-nous de votre livre. Qu'espérez-vous que les lecteurs en retiennent ?

Je travaille actuellement sur mon premier roman, Sept à la dérive (titre provisoire). C'est une histoire épique du genre space opera qui met en vedette une ville de l'espace à la dérive, une détective en herbe, des meurtres et des rebelles, et un antique coffre au trésor en bois. La date de publication provisoire se situe quelque part entre 2023 et 2024 - Je me croise les doigts.

Depuis que j'ai commencé à travailler sur ce projet, j'ai beaucoup appris sur le métier d'écrivain et j'ai exploré plusieurs genres qui entraient en concurrence pour le contrôle de l'histoire. J'ai commencé avec une aventure d'action et ce que je pensais être une intrigue labyrinthique empreinte d'une aura de mystère douillet. Ensuite, le projet s'est transformé en un thriller avec tueur en série (bien que toujours avec un ton mystérieux un peu léger et confortable). Puis j'en suis revenu à une histoire d'action, cette fois avec plus d'emphase sur ses aspects de rébellion. Pendant tout ce temps, j'ai choisi de garder l'humour et la légèreté de ton que ma protagoniste, Anita, apporte à l'histoire.

Tous ces genres apparemment contradictoires (action-aventure-labyrinthe, mystère cozy et thriller avec tueur en série) sont toujours présents, mais avec des rôles secondaires sous-jacents au récit global d'action-rébellion; ils évoluent en arrière-plan avec différents niveaux d'énergie.

Au final, il s'agit de structurer le récit autour du genre qui résonne le mieux.


L'action se déroule dans une ville appelée Sept, qui est en fait un gigantesque vaisseau spatial interstellaire construit plusieurs siècles plus tôt. Sept est à la dérive au beau milieu de nulle part depuis maintenant deux cents ans.

Dans sa configuration actuelle (depuis les années de l'Éveil et de la Reconfig ), Sept est constituée d'une énorme série de cylindres O'Neill, chacun tournant sur lui-même pour générer une illusion de gravité à l'intérieur. Au niveau de la ville où la gravité apparente est égale à 1g - les citoyens l'appellent la légitgée - la qualité de vie est optimale, idéale même, car c'est la vie la plus confortable et la plus épanouissante qui soit, du moins selon ce qu'affirme l'administration en place. Après tout, puisque le moteur principal de Sept était déjà pratiquement mort après l'Éveil, sauf à des fins énergétiques, le maire Larocque a choisi d'épargner aux citoyens de vivre leur dérive sans fin endormis et confinés dans des unités de préservation à long terme. Il leur a permis de rester éveillés, au prix modique d'une reconfiguration de la ville axée sur le confort plutôt que sur le voyage. Tout s'est bien déroulé pendant cent ans, jusqu'à ce qu'un homme, un architecte bien connu du nom de Felipe Crasotte, conteste la validité du paradigme dériviste de l'Admin. Cependant, la mort prématurée de Crasotte l'empêcha de mettre ses idées de l'avant.


Pour répondre à la deuxième partie de la question, voici ce qu'Anita, le personnage principal du roman, devrait en retirer – et j'espère que les lecteurs le feront aussi : « Tu n'es pas inutile ni sans valeur; c'est un mensonge pour te garder docile. Regarde à l'intérieur de toi-même et partage ce que tu y trouveras. Tu peux le faire. Le monde a désespérément besoin de cette chose spéciale qui est en toi. »



Qui est le lectorat idéal pour votre livre ? (SVP ne dites pas « tout le monde ».)

Pas tout le monde.

Les mordus de science-fiction, en premier lieu, et probablement aussi quelques adeptes de meurtre et mystère, et même les fans de mystère cozy. En fait, toutes celles et ceux qui apprécieront d'explorer cette gigantesque ville spatiale à la dérive construite il y a des siècles, et qui prendront plaisir à s'émerveiller de son fonctionnement et de sa culture, et qui se passionneront pour l'épopée exploratoire dans laquelle les emmèneront la biologiste et botaniste Anita Burgess, protagoniste du roman. Quiconque aime remettre en question les idées acceptées de la vie en société, quiconque apprécie le genre d'ironie et d'humour avec lequel j'aime imprégner mon récit, ainsi que les difficultés, et même la honte auxquelles mes personnages sont confrontés.



Qu'est-ce qui a inspiré l'idée de départ de Sept à la dérive?

J'avais lu quelque part que parfois, c'est une bonne idée de travailler sur deux projets différents à la fois. Avec deux projets dans votre champ de conscience, l'un peut se nourrir de l'autre tandis que l'autre peut tergiverser et procrastiner en prenant le premier comme prétexte... ou quelque chose du genre. Je ne savais pas si ça allait m'être d'une quelconque utilité, mais l'idée me plaisait et je voulais l'essayer.

Le premier projet sur lequel j'avais travaillé avait trouvé son inspiration dans une nouvelle d'Alastair Reynolds : « Diamond Dogs ». Il s'agissait d'une course mortelle pour conquérir un prix extraterrestre très difficile à atteindre. À partir de là, cette première histoire s'est transformée en tout autre chose. Je travaillais donc sur ce roman depuis un moment. Je l'avais appelé Les marées de Cath. Le récit se déroulait dans un futur lointain, sur une planète nommée Cathédrales, ou Cath. Une planète avec des marées considérables, en fait. À noter que le titre évolue encore, tout comme l'histoire elle-même à ce jour. Mais c'est une autre histoire.

J'aime gosser avec des idées nouvelles. C'était peut-être en écrivant mes pages du matin, ou peut-être pas, mais un jour, quelque chose de nouveau m'est apparu de nulle part. Je ne faisais que jouer, juste pour m'amuser un peu. Au début, je ne savais pas ce que c'était : un fragment d'idée, peut-être l'intro d'une nouvelle histoire. Je ne savais pas comment ça allait se passer, et je n'avais pas non plus besoin de le savoir tout de suite.

L'histoire est née d'une petite phrase que j'avais en tête : "Ainsi, ils partirent..." Je ne sais pas d'où ça m'est venu, mais voilà : j'avais lu beaucoup d'histoires d'Alastair Reynolds, et certaines concernaient des vaisseaux générationnels : dans un avenir sans FTL (voyage plus rapide que la lumière), ces vaisseaux effectuent des voyages qui durent plusieurs siècles. En fait, il leur faut tellement de temps pour rallier un nouveau système stellaire que des générations entières naissent, vivent et meurent à bord avant d'atteindre leur destination.


Deux exemples fascinants de vaisseaux dit générationnels : Chasm City et On the Steel Breeze, deux romans d'Alastair Reynolds qui appartiennent à des séries différentes. Notez que le dernier n'est pas exactement une histoire de vaisseau générationnel comme tel, car les passagers à bord disposent d'une technologie qui permet de dormir pendant quelques décennies, de sorte qu'au moins certains individus pourraient étirer leur durée de vie et survivre jusqu'au bout du voyage. En ce sens, mon histoire en cours de création se rapproche un peu plus de On the Steel Breeze que de Chasm City.

C'est ainsi que "Ainsi, ils partirent" fut l'idée de départ de mon projet de roman actuel, Sept à la dérive.

"Ainsi, ils partirent" n'était qu'un extrait de prose désordonnée, mais j'y voyais quelque chose qui marchait, quelque chose qui semblait alimenter ma créativité à chaque fois que je relisais le court texte. J'ai donc décidé d'en être fier et de le laisser s'infiltrer dans un coin de mon esprit pour y mijoter tranquillement. En fait, j'étais définitivement accro. J'y voyais du potentiel et j'avais envie d'en faire quelque chose.

Des mois plus tard, une autre chose a cliqué dans mon esprit : et si cette idée d'histoire naissante constituait en fait le passé de l'autre histoire sur laquelle je travaillais déjà, Les marées de Cath?

L'idée m'excitait : deux intrigues, une histoire se déroulant dans le passé de l'autre... disons, quelques siècles plus tôt. Le passé ("Ainsi, ils partirent") pourrait informer le présent (Les marées de Cath) de toutes sortes de manières passionnantes. Ou alors, je pouvais simplement opter pour une série de romans.

Si cela vous intéresse, j'ai publié ce petit germe d'histoire dans un post intitulé « La genèse de mon roman ». Je l'ai laissé pratiquement inchangé, tel qu'il m'est venu à l'époque, à quelques exception près.



Comment avez-vous trouvé le titre de votre livre ?

Sept me paraissait juste et intéressant pour le nom d'un vaisseau interstellaire reconverti en ville de l'espace, autrefois le vaisseau numéro sept d'une caravane d'un millier de vaisseaux similaires, seul survivant des attaques qui suivirent le siège et l'évacuation de la planète d'origine, Sabestian (ou Seb). « Mais tout ça, c'est de l'histoire ancienne maintenant, Anita. De nos jours, les gens ne se soucient plus beaucoup de ce genre de chose. »

Soit, Sept est à la dérive depuis deux siècles, mais il y a plus qu'il n'y paraît au fait de dériver. Au fil du récit, l'idée de dérive prend un tout autre sens : à la fois philosophie de vie et pratique de méditation, le dérivisme apporte son lot de profondes implications personnelles et collectives.

De plus, dans Sept à la dérive, le nombre sept renferme plus de sens qu'on pourrait le croire au premier abord.



Donnez-nous un aperçu de votre personnage principal. Que fait-il/elle de si spécial ?

Bien qu'elle ait tendance adopter le point de vue des nombreux membres de sa famille et à se considérer comme une sorte de paumée, Anita est en fait plutôt débrouillarde et originale. Malgré que ce soit mal vu, elle aime jouer à la détective - c'est une grande passionnée des aventures de Rita Stalker, une série de romans policiers écrits par l'auteur Blake Williams, également un personnage de Sept à la dérive.

Au final, ce qui rend Anita différente, c'est son esprit créatif et décalé, son cerveau « de singe ». Parce que son don le plus spécial est qu'elle est enjouée.



Si votre livre devenait un film, quels acteurs joueraient vos personnages ?


Voici mon casting préliminaire


Rôles principaux

Anita Burgess: Jenna Coleman (Clara dans Doctor Who)

Leona Crasotte: Jennifer Hudson (Elle sait chanter! - Et jouer.)

Richerd Laffond: Thomas Jane (Detective Miller dans la série The Expanse—avec son chapeau)

Blake Williams: Nikolaj Coster-Waldau (Jamie Lannister dans Game of Thrones)


Groupe de jazz

The Duke: Jim Broadbent (Professeur Flaghorn dans les films de Harry Potter)

Darius Ocar: Adam Driver

Judith Paskott: Elizabeth Olsen

Giles Ocar: Sean Bean

Piotr Paskott: Paul Bettany


Stagiaires du maire

Saturday: Alden Ehrenreich (Han Solo dans Solo: A Star Wars Story)

Wednesday: Chloe Grace Moretz


Endbrook

Hugh Mason: Christopher Walken

Mma Jo: Jill Scott

Jovel Dramane: Donald Glover

Natash Lampborne: Christine Baranski


Admin

Mayor Larocque: Jeff Bridges

Janet Grond: Tilda Swinton

Inspector David Duvic: Marc Strong


Quelle est la chose la plus importante que les gens devraient savoir à propos du genre dans lequel vous écrivez ?

La science-fiction est le type de réalité dans lequel l'histoire se déroule. En science-fiction, cette réalité doit être un monde futuriste, comportant au moins certaines technologies qui n'existent pas à notre époque. Il en va de même pour le space opera, un sous-genre de la science-fiction : au minimum, la réalité narrative comportera des éléments tels que des vaisseaux spatiaux, des exoplanètes, des combinaisons spatiales et des extraterrestres... sinon ce n'est pas du space opera, c'est autre chose.

En théorie, on pourrait utiliser la science-fiction et le space opera pour mettre en scène à peu près n'importe quel type de contenu. Quelques exemples fréquents de types de contenu : action, meurtre et mystère, thriller, histoire d'amour ou romance, critique sociale, performance, etc.


Un fait intéressant à propos de la science-fiction et du space opera, c'est que ces deux types de réalité requièrent certains éléments de contenu qui leur sont propres, comme les batailles spatiales par exemple, ou encore, des gens qui se retrouvent éjectés dans le vide, ou alors, des monstres extraterrestres exotiques et biscornus (comme par exemple, certains des monstres les plus mémorables de la littérature, du cinéma et de la télévision).

C'est pourquoi la plupart des histoires de space opera incluent généralement des éléments d'action très forts et souvent très axés sur la critique sociale et la rébellion (Star Wars, Star Trek, Dune, etc.), ou alors, des histoires d'horreur (Alien).


Les autres types de contenu paraissent plus rares en science-fiction. En fait, il me semble qu'en combinaison avec nombre d'autres types de contenus, les aspects science-fictionnels ont tendance à s'effacer ou à disparaître.

Par exemple, j'ai cherché des thrillers de tueur en série dans des contextes de science-fiction, et j'en ai trouvé très peu (voire aucun). Il m'est venu à l'esprit que le but de ce sous-genre de thriller est de vous faire frémir avec le genre de terreur qui vous réveille la nuit et qui vous fait tordre le cou lorsque vous marchez dans un parc mal éclairé ou une ruelle sombre. L'un des meilleurs moyens de rendre ce frisson aussi intense que possible est de situer un récit dans un contexte environnemental très familier, car si le danger se tapit dans la vie de tous les jours, on peut l'imaginer tout près de nous dès qu'on ferme le livre, prêt à venir nous chatouiller les orteils.

Je pense qu'il serait intéressant d'inscrire une histoire de type performance dans le cadre d'un space opera. Par exemple, Trish Trash, Roller Girl of Mars, un roman graphique de Jessica Abel où la protagoniste participe à une compétition de roller derby tout en affrontant la force antagoniste. Il y a bel et bien un élément de type performance dans mon roman Sept à la dérive : Leona, la meilleure amie d'Anita, est chanteuse. Leona est engagée pour chanter lors de la grande soirée du festival pour le second centenaire de Sept, et tout dans le récit semble converger vers cette très importante soirée.

Connaissez-vous d'autres romans, films ou séries de science-fiction qui ne sont ni de l'action ni de l'horreur ? Je soupçonne qu'il y en a plusieurs.



SVP, Partagez un court extrait de votre livre. (Pas la description de la couverture ; 10-20 paragraphes.)

« Berceau »

L'extrait que j'aime partager en ce moment est proposé sur mon site Web sous la forme d'une nouvelle gratuite intitulée "Berceau". C'est en réalité une scène de mon projet de roman en cours d'écriture, Sept à la dérive. Bien sûr, étant donné que le projet est toujours en cours de développement, la scène se transformera quelque peu avant de se retrouver dans la version finale. Par exemple, cette mouture de la scène se déroulait vers le début du récit, mais dans les prochains passage de réécriture, j'ai l'intention d'utiliser la scène "Berceau" un peu plus tard dans la chronologie des événements du récit. Cela provoque plusieurs changements dans la scène elle-même, mais cependant, le ton et le propos en resteront à peu près les mêmes.



(Situé plus tard que « Berceau » dans le cours du récit, voici un autre extrait de mon projet de roman actuel Sept à la dérive.)

Wall Hydrant

« Voici le déluge »

À sept heures moins cinq, la porte de l'ascenseur de l'immeuble Balgo s'ouvrit et Anita émergea au niveau B5, s'efforçant de se fondre à la foule affairée des travailleurs du mercredi matin en quête de café.

Anita n'était jamais descendue plus bas que B2, qui n'était en fait qu'un sous-sol pour de nombreux immeubles du Mile-End, mais sa libraire favorite lui avait mentionné ses raids furtifs au B5 pour des réunions secrètes dans les sous-niveaux avec ses fournisseurs illégaux de romans Stalker.

Le B5 abritait toutes sortes d'activités louches et glauques sans grand intérêt pour Anita, mais qui gardaient la portion Rita Stalker de son cerveau en alerte.

Ici, dans les sous-niveaux, commerces illicites et prostitution de tous acabits se présentaient ouvertement, bien affichés devant chaque établissement comme si aucune application de la loi n'avait jamais inquiété qui que ce fût. Et puisque personne ici n'avait à lutter contre le froid ni la pluie, l'absence de l'obligation de porter des vêtements chauds et lourds rendait le tout un brin trop évident, effronté et graphique au goût d'Anita.

Elle ne savait pas où aller. Anita suivit des yeux le flux et le reflux des gens qui vaquaient à leurs occupations, qui faisaient la queue à un stand de bouffe de rue, ou qui s'entassaient dans une série d'ascenseurs alignés le long des trottoirs. Et maintenant qu'elle y était, elle voyait bien que le niveau B5, en effet, était quadrillé de véritables rues. L'endroit ressemblait à une ville sous la ville, grouillante d'activité, et ses larges avenues s'étiraient à perte de vue jusqu'à se ramifier au loin. Des rues sous la ville, avec un plafond éloigné pour les protéger des systèmes météorologiques du district. La hauteur du plafond expliquait pourquoi il n'existait aucun niveau B3 ou B4.

Anita se déplaça lentement, demeurant sur le côté de la rue — c'était la rue Sincat, exactement comme au niveau de la légitgée. Peut-être que le plan de cette ville sous la ville était similaire à celui de là-haut, là où elle habitait.

Elle chercha d'autres différences. Comme prévu, de nombreux travailleurs du plan de maintenance - des PM, se rendaient sur leur lieu de travail...

Nombre d'entre eux étaient des nonshum. Elle n'en avait jamais vu en aussi grand nombre au niveau citoyen.

Puis elle vit Laffond qui entrait dans le plus éloigné des d'ascenseurs, deux rues plus loin.

Elle lâcha un cri. "Hé!"

Richerd Laffond ne donna pas signe de remarquer sa présence. D'aussi loin, impossible de confirmer avec certitude s'il avait bel et bien jeté un regard furtif dans sa direction, puis baissé les yeux et contemplé ses chaussures en attendant la fermeture de la porte de l'ascenseur.


Porte qui acheva de se fermer alors qu'Anita courrait encore, arrivant juste en face.


Pourquoi ne l'avait-il pas attendue ? N'avait-t-il pas dit qu'il comptait sur elle pour le retrouver ce matin à sept heures pile ?

S'attendait-il à ce qu'elle le suive ?

Que faire faire d'autre ?

Anita attendit le prochain ascenseur en trépignant. Une porte s'ouvrit, crachant une douzaine de travailleurs de tous genres. Un nombre équivalent se bouscula pour entrer. Elle s'y mêla.

Le tableau de bord de l'ascenseur lui parut atypique. Seulement deux extrémités au voyage ici : sous-niveau Zéro - elle supposa que c'était là où elle se trouvait - et sous-niveau Un. Bien. Pas la peine de se demander à quel niveau elle trouverait Laffond, à condition que cette série particulière d'ascenseurs soit tous les mêmes.

Alors que l'ascenseur commençait son périple vers le bas, l'affichage changa. L'indicateur de niveau resta visible, mais fut repoussé dans un coin pour laisser place à un message d'apparence urgente.

Préparez-vous à l'hypergée.

Anita fixa l'affichage, réalisant douloureusement où elle allait vraiment. Les niveaux inférieurs n'étaient pas considérés comme partie intégrale de la légitgée, et non sans raison.

C'était l'une de ces choses que vous saviez depuis l'enfance mais dont, puisque vous n'y étiez jamais confronté, vous tendiez à oublier l'existence : Sept était une longue suite de gigantesques cylindres en rotation – les districts. Les gens y vivaient « à l'envers » à l'intérieur, évoluant en fait contre la face intérieure de ces cylindres en rotation. Cela signifiait que la vitesse de rotation et la distance par rapport à l'axe central devaient être réglés avec précision afin de fournir une illusion parfaite de gravité - pour appliquer aux pieds des gens une force centripète correspondant à une accélération d'exactement à 1g, valeur qui était demeurée la norme depuis La Vieille Légitime - la planète Terre. Le concept était relativement facile à saisir.

Anita n'avait jamais remis tout ça en question. Le Mile-End était son district natal, et sans aucun doute le meilleur endroit où vivre : point central de la ville, district équatorial. Et surtout, le plus cool. Au fil de son premier siècle de vie, Anita avait visité de nombreuses régions du Grand Sept, y compris Brooklyn au nord et Soho au sud, et diverses autres destinations touristiques et récréatives. Si l'on ignorait les différences climatiques et architecturales, la vie n'était pas si différente au final, d'un district à un autre. Et d'un point de vue gravité, ils étaient tous pareils.

Cela changeait dès que vous voyagiez à bord d'un ascenseur. Au fil de la descente vous éloignant de l'axe central de rotation du cylindre du district, la gravité simulée augmentait en fonction du carré du rayon. En termes simples, cela signifiait que votre poids augmentait au fur et à mesure que vous descendiez, et cela pouvait évoluer rapidement.


En conséquence, Anita avait l'impression que l'ascenseur ralentissait tout le temps, mais ce n'était pas réellement le cas : c'était elle qui devenait de plus en plus lourde en cours de route.

En regardant l'affichage, elle apprit une nouvelle chose à propos de la légitgée : le niveau citoyen était installé exactement à deux kilomètres de distance de l'essieu central. Le sous-niveau Un, sa destination actuelle, se situait à deux kilomètres plus bas, soit beaucoup plus près des coques extérieures du district.

Ce fut un long trajet en ascenseur, même pour un express sans autre arrêt que le haut et le bas. Vers la fin, Anita dût s'agripper au barres latérales dont l'ascenseur était équipé pour permettre aux muscles de ses jambes d'encaisser la décélération finale.


Avec 2g de gravité simulée, tant qu'elle y resterait, Anita pèserait deux fois son poids normal. Elle espéra que le séjour serait de courte durée.

La porte de l'ascenseur s'ouvrit sur le sous-niveau Un.

Pas si différent du sous-niveau Zéro, du moins sur le plan architectural. Beaucoup moins de monde et, pour une raison inconnue, le sous-niveau Un était également moins sombre.

Moins d'entreprises louches, plus d'employés du plan de maintenance - plus de combinaisons, plus de casques de construction et autres équipements spécialisés : l'endroit avait une atmosphère plus propre, plus professionnelle. Des travailleurs de la ville, pour la plupart. Une supposition facile : les conditions de gravité ici étaient probablement moins propices aux types d'activités illicites présentes au-dessus, à moins que vous n'ayez des goûts plutôt particuliers.

La plupart des gens ici étaient aussi différents. Ou plutôt, elle était la personne différente ici, et son corps semblait moins bien adapté aux conditions de gravité simulées de l'endroit.

Une banderole en face de l'ascenseur attira l'attention d'Anita.

Non-seulement-femme, non-seulement-homme. Nonshum. Le domaine des non-seulement-humains.

L'hypergée représentait sans aucun doute un environnement idéal pour développer un corps puissant, et ces gens en avaient fait leur marque de commerce et leur mode de vie. Voilà qui expliquait pourquoi on les voyait moins au niveau de la légitgée : c'était ici leur territoire de prédilection.

Pas le moment pour jouer à la touriste, par contre. Anita n'étant pas une nonshum elle-même, alors elle se devait de trouver Laffond dès que possible pour en finir avec ce séjour désagréable.

Elle le localisa alors qu'il entrait dans un nouvel ascenseur. Le cœur d'Anita se serra. La simple pensée d'aller encore plus profond dans l'hypergée amplifia son mal de jambes.

Et cette fois, l'ascenseur était gardé par un nonshum à l'apparence officielle.

Anita s'approcha et se fit aussi discrète que possible, ce qui n'était pas une mince affaire, étant donné la nature de la foule, mais elle a réussi à trouver un meilleur point de vue lorsque la porte de l'ascenseur se referma sur Laffond.

Encore pire que ce qu'elle avait cru au premier coup d'oeil. Le nonshum qui gardait l'accès à l'ascenseur était un officier de la DEFCA, la division des enquêtes de la force constabulaire de l'Admin.

Et pire encore, cet officier de la DEFCA fut bientôt rejoint par nul autre que son supérieur, l'inspecteur David Duvic en personne, lui aussi un nonshum volumineux.

Anita s'aplatit contre le mur.

Zut. Que faisait Duvic ici ?

Impossible de partager l'ascenseur avec l'inspecteur – il ne l'aurait jamais autorisé de toute façon.

Et au fait, pourquoi Laffond l'avait-il attirée ici en premier lieu ?

De toute évidence, le trajet la rapprochait de la scène des crimes : les corps du puits d'écoulement avaient fait surface au sous-niveau Un, mais ils étaient peut-être remontés à la surface depuis beaucoup plus bas.

Anita se demanda si les constables avaient découvert une nouvelle victime aujourd'hui. Le meurtre de mardi.

Hier soir, Laffond avait mentionné qu'il voulait lui montrer quelque chose. Bien sûr, elle avait beaucoup à apprendre de lui... mais qu'est-ce qu'il pouvait bien chercher ici ?

Un seul moyen de l'apprendre : rattraper Laffond avant Duvic, et l'avertir de la présence de l'inspecteur, sans doute venu ici à sa recherche. Anita ne pouvait qu'espérer que Laffond saurait quoi faire à partir de là.

Le hic, c'était qu'elle n'était pas en bonne position pour y parvenir.

Au moins cette fois, il n'y avait qu'un seul ascenseur, donc Duvic fût forcé de l'attendre.

Anita chercha un moyen de le forcer à attendre encore plus longtemps. Comment le faire partir pour qu'elle puisse se diriger vers l'ascenseur sans être vue ? L'appeler ? Le faire appeler ? Ou plus simplement, appeler Laffond pour le prévenir ? Le hapticom d'Anita décida à sa place : son forfait ne couvrait pas les sous-niveaux. Évidemment : Pourquoi aurait-elle payé pour ça?

Pas le moment de mettre le foutu forfait à niveau. Il lui fallait autre chose, quelque chose de plus rapide.

Pas moyen non plus d'appeler Duvic lui-même pour l'attirer vers un faux indice, une fausse victime… sans compter que ça aurait nui au peu qui restait de sa misérable crédibilité auprès de l'inspecteur.

Anita se fraya un chemin le long du mur, essayant d'écouter la conversation de l'inspecteur avec son agent subalterne. Avant de se trouver assez proche pour bien entendre, elle rencontra autre chose en chemin : un passage latéral dans lequel elle put respirer plus librement sans craindre d'être vue depuis la porte de l'ascenseur. Malheureusement, une fois à l'intérieur du passage latéral, elle ne pouvait plus voir ni entendre ce qui se passait.

Elle se donna une petite seconde pour regarder autour d'elle. Le passage constituait en fait une alcôve de maintenance qui comportait une porte métallique ornée d'une petite fenêtre, ainsi que quelques items de matériel d'entretien et d'urgence ; une bouche d'incendie murale et un long tuyau enroulé. Derrière la porte, un escalier métallique plongeait dans les profondeurs des sous-niveaux.

Anita réfléchit une demi-seconde, puis elle examina le matériel d'urgence de plus près.

Une bouche d'incendie… Et pourquoi pas? C'était peut-être un moyen efficace d'arrêter les opérations de l'ascenseur pendant un certain temps...




Écriture



Quel rôle la recherche joue-t-elle dans votre écriture ? Recommandez-vous des ressources de recherche en particulier?

J'ai apprécié plusieurs livres sur la physique et la cosmologie au fil des ans, comme A Brief History of Time de Stephen Hawking, The Elegant Universe and The Fabric of the Cosmos de Brian Greene, ou Patience dans l'azur, de Hubert Reeves. Aussi, j'aime me plonger profondément dans le genre spéculatif : par exemple, j'adore les livres d'Alastair Reynolds, Neal Stephenson et Gregory Benford. Et puis, j'aime aller plus loin en lisant d'autres genres littéraires.

Ensuite, j'extrapole décors et situations, lieux fictifs et théories, et j'ai un plaisir fou à le faire. Après quoi je sais que d'autres recherches seront nécessaires, mais j'ai au moins un bon cadre de base pour travailler sur mon récit.

Cette approche m'a mené jusqu'au bout du premier jet de Sept à la dérive.

Ensuite, j'ai voulu mieux maîtriser la théorie et la pratique de l'écriture, alors j'ai orienté mes énergies vers les livres sur l'écriture et j'ai participé à plusieurs formations.

J'ai trouvé d'excellentes ressources. Voici quelques exemples, et je ne dis pas que je les ai déjà tous lus, mais je progresse...

- You've Got A Book in You, par Elizabeth Sim.

- Story Physics, par Larry Brooks.

- Form and Meaning in Fiction, de Norman Friedman.

- Les poètes, Aristote.

- Write Your Novel From the Middle, de James Scott Bell.

- Outline Your Novel, Structuring Your Novel et Writing Your Story's Theme, trois livres de K.M. Weiland.

- Le site Web primé de K.M. Weiland, Helping Writers Become Authors. Et aussi, son blog exceptionnel.

- The Writer's Journey, de Christopher Vogler.

- Story, par Robert MacKee.

- The Story Grid, par Shawn Coyne, et le célèbre balado The Story Grid Podcast. (Qui a complètement changé la donne pour moi.)



Visez-vous l'écriture d'un nombre défini de mots/pages par jour ? Écrivez-vous tous les jours, cinq jours par semaine… ?

Je préfère travailler avec un emploi du temps bien défini plutôt que de me fixer des objectifs de nombre de mots : la quantité de travail que je peux accomplir dans ce temps que je choisis : c'est mon objectif.

Vers la fin des années 2010, je vous aurais dit que j’étais passé maître dans l’art de la routine. J’écrivais généralement une heure le matin avant d’aller au travail, puis une autre heure pendant l’heure du midi et ce, à peu près tous les jours. Je planifiais au moins deux soirées d’écriture par semaine, parfois trois. Selon mon niveau d’énergie, ces séances nocturnes d’écriture pouvaient durer entre une heure et demie et trois heures. Je prenais souvent un vendredi de congé pour écrire davantage, ou un lundi, où je me fixais pour objectif d’écrire pendant au moins cinq heures, parfois jusqu’à neuf. Le week-end, je devais me contenter de trois à quatre heures en avant-midi, après quoi il fallait gérer tout le reste de la vie en un temps très court...


Mais maintenant, nous sommes en 2021, et 2020 fut une longue année. J’ai dû faire quelques ajustements.


Travailler à la maison aurait dû me donner plus de temps, mais pour une raison incompréhensible, il me semble en avoir moins - ou s’il ne s’agit pas exactement de moins de temps en réalité, j’ai certainement un sommeil de moindre qualité qu’avant, et moins d’énergie au total.


J’essaie toujours de me lever tôt et d’écrire avant d’aller travailler, mais ça me paraît plus difficile à réaliser de nos jours, même si mon lieu de travail n’est plus qu’à sept pas de notre cuisine. Il me semble également plus difficile d’écrire pendant l’heure du midi, car depuis que je suis à la maison, je préfère passer un peu de temps de qualité avec ma compagne, par exemple en dégustant un bon repas et en profitant de quelques minutes de détente. Je continue cependant à programmer des soirées d’écriture, des séances matinales le week-end, ainsi qu’un vendredi ou un lundi occasionnellement consacrés à l’écriture intensive.


Moins de temps d’écriture au final, mais également, besoin de plus de repos.

Pourtant, d'une certaine manière, j'ai le sentiment que la qualité est plus importante que la quantité lorsqu'il s'agit de temps d'écriture. Et si... si je pouvais faire presque autant en sept à douze heures par semaine de nos jours, qu'en quinze à vingt heures avant la pandémie ?



Avez-vous un espace réservé à l'écriture ?

Avant les années 2020, tous les jours à l’heure du midi, j’essayais de trouver un coin tranquille dans l’un des cafés bondés du Vieux-Montréal près de mon lieu de travail. Ce n’était pas une mince affaire, compte tenu de la foule d’employés de bureau et de touristes qui ne manquaient jamais d’envahir l’endroit, été comme hiver. Je trouvais rarement un endroit calme, mais je me bouchais les oreilles avec des écouteurs et me créais une sorte de bulle d’isolement musical.


À la maison, mon endroit préféré est un antique fauteuil à bascule en bois (trop petit pour moi!), tout près de la fenêtre dans le coin de mon bureau. Une vieille chaise berçante à peine confortable, mais chargée d’un caractère excentrique et évocateur d’une autre époque. J’aime m’asseoir près de la fenêtre de mon appartement situé au troisième étage, qui donne sur la ruelle. Je l’appelle mon nid d’aigle. J’aime m’y percher avec un stylo et du papier, ou encore mon vieil ordinateur portable. Mais je ne peux pas rester niché là trop longtemps sans que mon dos et mon derrière se rappellent à mon attention, alors je passe à mon bureau.


Mon bureau n’est en fait qu’une table Ikea d’occasion à laquelle j’ai ajouté un plateau coulissant pour clavier. Je l’adore. J’allume mon ordinateur - ce que je n'aime pas toujours faire car c’est aussi mon lieu de travail, et j’ai l’impression de passer un temps malsain assis sur cette même chaise à regarder toujours ce même bordel d'écran d’ordinateur - et ne vous méprenez pas; j’adore mon travail de jour, et ma carrière en informatique est stimulante, propice à la croissance et mentalement nutritive.


Mais dès que je commence à travailler sur mon projet d’écriture, je redeviens un écrivain, et l’endroit où je suis assis cesse d’avoir la moindre importance.



À quoi ressemble votre processus d'écriture? Esquissez-vous et planifiez-vous votre histoire ou vous contentez-vous de vous asseoir et d'écrire en improvisant ? Pourquoi ?

J'ai essayé les deux approches. Le premier long récit sur lequel j'ai travaillé était en grande partie improvisé (Les marées de Cath, projet à ce jour inachevé). À un moment donné, j'ai pris du recul pour mieux regarder ce que j'avais fait. Le résultat était un peu désordonné, ce qui est parfaitement acceptable en passant, mais aussi, le récit se perdait quelque peu en chemin. Mais ça grouille d'idées là-dedans, et j'ai la ferme intention de continuer ce projet dès que j'en aurai terminé avec l'actuel, Sept à la dérive, car MdC est la continuation du même récit global.

J'aime faire beaucoup de brainstorming lorsque que je ne trouve pas de réponses claires aux milliards de questions entourant le récit global, l'acte ou la scène, ou encore le personnage sur lequel je suis en train de plancher. Tout ce remue-méninges génère une foule de notes, et les relire me paraît souvent intimidant, mais à chaque fois que je m'y plonge je retrouve mon enthousiasme à jouer avec toutes ces idées, éléments, passages et fragments de scènes dont il m'arrive souvent d'oublier l'existence entre le moment de leur conception et celui de la relecture.

J'aime beaucoup planifier, également. Mais peu importe dans quelle mesure je le fais, je me retrouve toujours à improviser d'énormes pans du récit. Au final, j'aime l'équilibre qui s'établit entre les deux : un mélange d'improvisation et de travail structurel.

Depuis 2018, je travaille avec une coach en développement littéraire. L'approche de Courtney emprunte beaucoup à la méthode Story Grid, ce qui signifie que nous avons en commun un vocabulaire et une méthodologie qui contribuent à rendre notre collaboration très utile et constructive. Pendant plus de trois ans, nous avons tenu des appels bimensuels où je lui présentais mon travail que nous discutions afin de l'améliorer et d'explorer de nouvelles avenues.

Dernièrement, nous avons adopté un nouveau modus operandi : j'écris un plus grand nombre de scènes du roman (disons que je vise à atteindre le milieu de l'histoire, par exemple), sur une période plus longue (disons, environ deux ou trois mois)… puis, nous nous retrouvons pour une série intensive d'appels hebdomadaires pour analyser le tout. Cette manière de faire engendre moins de changements de contexte entre l'écriture créative et l'édition analytique, ce qui me permet de me concentrer mieux et plus longtemps sur la tâche à accomplir.




qui vient en premier, intrigue ou personnages? Pourquoi?

Je constate qu'ils vont de pair : intrigue et personnage, l'un ne va pas sans l'autre. Je dois donc les aborder ensemble.

Ce projet particulier a commencé avec une intrigue pour idée de départ, mais aussi avec quelques personnages et des lieux, une société et plusieurs pans du décor; tout ça venait dans un seul paquet, pour ainsi dire. De toute façon, au départ, j'avais peu de connaissances pratiques d'une manière comme de l'autre, et donc aucune préférence claire quand à mon point de départ.

Depuis que je travaille sur Sept à la dérive, j'ai réévalué l'intrigue des tas de fois de fois (selon le genre, selon les éléments obligatoires, selon les points d'intrigue, etc.) et le personnage principal (Qui est-elle vraiment ? Que lui est-il arrivé pour faire d'elle qui elle est ? Comment évolue-t-elle au cours du récit ? ). Même aujourd'hui, malgré que les choses semblent avoir bien pris forme, je sais que je vais y revenir plus d'une fois avant d'en avoir fini.

Travailler tour à tour sur l'intrigue et sur les personnages me permet d'en apprendre d'avantage sur tous leurs aspects au fur et à mesure du développement du projet. Je constate que l'intrigue et les personnages se nourrissent les uns les autres car ils se bâtissent en se supportant mutuellement, et c'est une boucle interactive sans fin. Je fais confiance à ce processus, et à la fin du compte, je crois que le tout va porter fruit. Je ne vois pas pourquoi je ne ferais pas les choses de la même façon lors des projets qui vont suivre.




Quelle est l'aspect le plus bizarrement intéressant de votre écriture?

Un lecteur anglophone m'a dit un jour, à propos de ma nouvelle « Berceau », que si je l'avais d'abord écrite en français puis traduite en anglais, elle n'aurait pas été aussi intéressante.

Pourquoi? J'ai entendu des éditeurs dire sur un balado, à propos de leurs clients qui écrivent dans une langue autre que leur langue maternelle, que ça les porte souvent à faire des choix originaux et intéressants quant à la façon de dire les choses, quels mots choisir, quel verbe employer, etc. Je ne peux qu'espérer que ce soit le cas pour moi aussi et que, à mesure que ma familiarité avec l'anglais s'améliorera, le phénomène ne disparaîtra pas complètement.

Il faut dire aussi que j'aime les choses originales et un peu excentriques. J'aime me lancer des petits défis insolites. Quand j'ai commencé à écrire Sept à la dérive, je savais qu'il s'agissait d'une ville spatiale en panne, et je savais que Leona, l'arrière-petite-fille de l'architecte rebelle Felipe Crasotte, y avait hérité d'un antique coffre en bois bien scellé. J'ai commencé à me demander qui était cette Leona, et dans quel genre de décor je pourrais bien la présenter. Quel genre d'endroit et d'activité me semblerait le plus inhabituel et décalé possible dans le contexte d'un vaisseau spatial géant perdu au milieu de nulle part ?

Une image m'est venue à l'esprit : un bar de karaoké. Leona est obsédée par le chant. Son amie Anita l'accompagne pour lui faire plaisir. Peut-être qu'Anita déteste chanter, mais elle cherche à obtenir quelque chose de Leona, et c'est pourquoi elle est si gentille avec elle ce soir-là. Que veut-elle ? Attendez... Je sais! Elle veut habiter dans la maison trop cool de Leona. Elle veut être sa coloc. « Parce que tu sais, la maison est grande... et tu es toute seul dedans... et en plus, côté argent… »



Quelle est pour vous l'importance des noms dans vos livres ? Choisissez-vous les noms de vos personnages en fonction de leur sonorité ou de leur signification ? Avez-vous des ressources en particulier à recommander pour le choix des noms ?

J'aime trouver des noms. Certains surgissent simplement de leur propre gré. Certains continuent à changer et à évoluer pendant un certain temps avant de se fixer sur le personnage ciblé. Pour d'autres, je dois chercher un peu plus longtemps. Mais je ne ressens pas le besoin d'utiliser un outil spécifique, même si j'en ai essayé quelques-uns sans vraiment décider de les utiliser à long terme.



quel logiciel utilisez-vous pour écrire ? Ou alors, préférez-vous écrire à la main ou dicter votre travail ? Pourquoi?

J'ai tendance à faire beaucoup de brainstorming, et cela produit beaucoup, beaucoup de mots, sur beaucoup, beaucoup de fichiers différents.


Au bout d'un moment, je suis confronté à un chaos considérable.


Le logiciel Scrivener m'aide à donner un sens à tout ce chaos. On dit que Scrivener est la meilleure invention depuis le grille-pain. Je crois que c'est peut-être vrai.

J'adore les outils de planification de Scrivener : j'utilise beaucoup la fonction « panneau de liège » (corkboard). Je l'utilise pour mettre de l'ordre dans la liste de mes scènes, soit par section du roman (acte), ou soit de manière chronologique. Je peux ajouter autant de fichiers que je veux au projet, et aussi beaucoup de fichiers de recherche et de brainstorming. Ensuite, le tout se transforme peu à peu en roman, et c'est fascinant à observer.

Mais parfois, je ressens le besoin de m'éloigner de toute technologie. Surtout tôt le matin, j'aime prendre un stylo et du papier et griffonner tout ce qui me vient à mon esprit. C'est très libérateur.



Vous écrivez en deux langues. Quels défis découlent de ce processus?

Des défis, oui, mais aussi, des opportunités.

Opportunités

J'ai toujours aimé les langues. Je les trouve toutes fascinantes et j'adore les défis que pose leur apprentissage. Il fut un temps, il y a une vingtaine d'années, où mon allemand était meilleur que mon anglais, et où mon italien était assez bon pour qu'une fois, on me traite de menteur en Italie alors que je disais que je venais du Canada. J'ai aussi étudié l'espagnol, mais juste assez pour commencer à bien le confondre avec l'italien.

J'ai essayé d'écrire en français, pendant longtemps, avec différents niveaux de satisfaction.


Un jour, j'ai essayé l'anglais, et soudain quelque chose de différent s'est produit.

Je pense que c'est parce que je n'ai pas été élevé en anglais. Je ne suis pas allé à l'école en anglais et je n'ai pas grandi dans la crainte des dieux de l'écriture de la littérature anglaise.

Et tout d'un coup, je n'avais plus à me mesurer, même inconsciemment, aux sommités de la littérature française que j'avais grandi en vénérant, comme Victor Hugo, Henri Troyat, Jules Verne, Jean Giono, Michel Tournier… La liste est longue, et elle m'écrase comme une calotte glaciaire polaire de vingt-six virgule cinq gigatonnes d'insuffisance désespérée.

Lorsque j'ai tenté l'expérience d'écrire en anglais, juste pour voir... cette pression insoutenable sur mes épaules a commencé à s'alléger. Tout juste assez pour faire une différence.


Intéressant. Je me suis senti comme s'il n'y avait plus personne pour me surveiller ni pour me juger. Mon esprit était devenu plus léger, plus joueur, et surtout plus libre. Quoi qu'il en soit, c'était plus facile de me concentrer sur ce que je voulais vraiment dire, et sur les histoires que je voulais vraiment raconter.


Si j'avais grandi en anglais, je suis à peu près certain que j'aurais vécu la même expérience avec l'écriture en français.


Défis

Lorsque j'ai créé mon site Web d'auteur à la fin de l'année 2020, je ne savais pas trop si je le ferais uniquement en anglais ou non. Il se trouve que le service de création Web que j'utilise, Wix, offre une solution multilingue super simple à utiliser, alors j'ai pensé : Bon sang! Allons-y pour le bilingue. Idem avec le blog. Trop facile.

Le problème est que pour chaque article de blog que j'écris en anglais, je dois le traduire en français. J'adore faire ça, mais c'est sûr que ça prend du temps. C'est très chronophage.

C'est un défi. Je ne sais pas trop quoi en faire à ce stade.

Pour le moment, je continuerai à traduire les articles moi-même, mais à l'avenir, je pourrais envisager des services de traduction professionnels.



Combien de temps (en moyenne) vous faut-il pour écrire un livre ?

Si seulement je savais! Sept à la dérive est en préparation déjà depuis quelques années - plus longtemps que ce que je suis à l'aise de mentionner - mais c'est mon premier vrai projet de livre, donc le temps que j'y ai passé comprend aussi une grande part d'apprentissage du métier. Espérons que je pourrai réaliser les prochains projets un peu plus rapidement. Mais qui sait?



Comment fêtez-vous la fin de l'écriture d'un livre ?

Bonne question. Je me vois m'asseoir pour aborder le prochain, le projet qui couvait pendant que je travaillais sur celui-ci, le prochain projet dans lequel j'ai hâte de me plonger.



Selon vous, quelle est la mesure d'un écrivain à succès ?

Pour moi, une écrivaine ou un écrivain qui a du succès, c'est quelqu'un qui a trouvé et mis en place son propre processus créatif. J'entends par là le rythme et le calendrier d'écriture qui lui convient, une sorte d'équilibre entre peaufiner son métier et quand-même être satisfait du travail tel qu'il est à un moment donné. Un équilibre, aussi, entre le travail créatif lui-même, les processus de révision et d'édition, ainsi que la mise en marché.


En termes d'argent, je crois que le succès dépend de votre propre définition de celui-ci.

Dans mon cas, gagner ma vie avec ma plume me semblerait un objectif agréable, beau et possible à atteindre. C'est un processus à long terme, bien entendu, et qui peut prendre des années. Alors peut-être que pour commencer, j'aimerais simplement couvrir certaines dépenses, comme les frais de site Web, par exemple, ou encore, les frais d'édition (coaching). Mais par la suite, j'aimerais que mes revenu d'écriture grandissent suffisamment pour me soutenir.

Au fond, le véritable objectif pour moi est d'avoir plus de temps pour la pratique de l'écriture (tout inclus) et de passer moins de temps à travailler sur les projets des autres.



Quel est le meilleur conseil que vous pourriez donner à d'autres écrivains sur l'écriture ?

Je ne sais pas si j'en suis arrivé à donner des conseils sur l'écriture, mais voici ce qui semble fonctionner pour moi.

Lorsque vous commencez, protégez votre travail. Attendez, avant de le montrer. Votre travail est précieux, et quand il est tout frais, voyez-le comme un nourrisson; fragile, mais qui se construit peu à peu et devient plus fort. Votre bébé a besoin d'être nourri. Il doit apprendre à marcher. Il a besoin de tomber sur le derrière et de crier. Permettez-le lui. Donnez à vos idées le temps dont elles ont besoin pour grandir loin des regards autres. Attendez. Vous saurez quand il sera temps de passer à l'étape suivante et de commencer à montrer ce que vous faites. Ensuite, choisissez avec soin à qui vous pouvez faire confiance; qui respectera vraiment votre processus.

Votre processus créatif vous appartient. Apprenez à le connaître au fur et à mesure que vous l'inventez. Bâtissez-le en essayant toutes sortes de choses. Suivez vos instincts. Vous verrez.


Évitez la comparaison. Construisez simplement votre truc, une brique à la fois. Soyez au rendez-vous, faites le travail, demeurez vous-même, apprenez la résilience, autorisez-vous à échouer (échouez souvent, échouez vite; c'est la base de la méthodologie agile), apprenez et grandissez, écrivez, écrivez, écrivez, lisez, lisez, lisez… et soyez tendre avec vous-même. Respectez toujours votre niveau d'énergie et n'oubliez pas de vivre votre vie. Entrez dans une boucle de rétroaction d'amélioration, mais combattez le perfectionnisme, c'est une maladie. Apprenez à reconnaître votre résistance et à vivre avec elle ; vous pouvez même en faire une alliée (The War Of Art, Steven Pressfield). Persistez dans votre démarche. Et puis, chaque fois que vous vous sentez prêt(e) (ou avant), recherchez à obtenir des commentaires et de la visibilité.

Et surtout, ne perdez jamais de vue la raison pour laquelle vous avez d'abord voulu écrire. Gardez vos sources d'inspiration, quelles qu'elles soient, tout près de votre cœur et de votre esprit. En cas de doute, revenez toujours à votre pourquoi, votre raison d'écrire.



Quels sont les aspects que vous préférez (et préférez moins) de l'édition ?

Je ne peux que parler du haut du peu d'expérience que j'ai : à peine un peu plus de six mois depuis que j'ai un site Web d'auteur, un blog et une newsletter.

Seulement huit mois, mais déjà, une montagne russe, un tourbillon de croissance et d'expansion de ma zone de confort; une chose que je redoute et que j'aime à la fois. Certaines nuits, cela m'empêche de dormir - ça et d'autres choses, et plus honnêtement, la plupart des nuits. Zut, je repousse encore plus loin mes limites en ce moment, avec cette interview ! J'adore ça.

S'occuper du site Web, du blog et de la newsletter n'est pas nécessairement une mince tâche, mais c'est certainement plus facile d'approche, du moins pour moi, que le processus d'écriture lui-même. En particulier quand la vie devient trop lourde ou occupée, ou bien chaque fois que je me sens un peu coincé avec le récit lui-même, comme ça peut arriver parfois. Pour cette raison, c'est facile de perdre de vue le temps que je passe à m'occuper du site, à écrire un nouvel article pour le blog et la newsletter, ou à contacter des milliers de lecteurs et d'autres écrivains sur les réseaux sociaux.

Tout ça est nécessaire, bon et fascinant, mais consomme une quantité considérable de temps et d'énergie.

Bref, ce que j'aime le moins dans l'écriture et l'édition en général, c'est de ne jamais être satisfait du temps dont je dispose. Il y a toujours plus à faire, plus que je ne peux accomplir. Tant d'idées, tant de projets, tant de choses à essayer et à appliquer.

Ce que j'aime par contre, c'est que tout ça constitue à belle une leçon de patience et d'humilité. Un jour, quand je mourrai, ce qui restera sera ce que j'aurai fait, et non pas ce que je n'aurai pas fait. Ce qui compte vraiment, c'est qui j'aurai aimé, qui j'aurai touché et aidé (espérons-le) et poussé à traverser la vie avec une nouvelle étincelle au fond du cœur.



Quel est le meilleur conseil sur l'édition que vous pourriez donner à d'autres écrivains ?

Je ne suis pas encore dans une position où je pourrais donner des conseils sur l'édition, mais voici le conseil que je me donne à moi-même : ne vous inquiétez pas des agents, des éditeurs, des gros contrats et des avances, et de toute la mythologie et de tout le battage médiatique qui imprègne le monde de l'écriture - avec toutes les histoires de réussite impressionnantes dont nous entendons parler, tout le temps - et leurs histoires inverses, tout aussi omniprésentes.

Construisez votre plateforme dès que possible. Que vous envisagiez de publier de manière traditionnelle ou indépendante, cela ne fait aucune différence : vous avez besoin d'une plate-forme solide, et la meilleure façon de la rendre solide est de procéder progressivement, brique par brique, étape par étape. Lisez des livres à ce sujet, ou des blogs, écoutez des podcasts sur le marketing pour les auteurs. Inscrivez-vous à des cours en ligne. Commencez avant d'être prêt (Everything Is Figureoutable, par Mary Forleo). Mettez en place une liste de diffusion. Invitez vos amis. Envoyez-leur quelque chose de gentil de temps en temps. Comme le dit l'auteur Hugh McLeod, "traitez votre démarche d'écriture comme une aventure - une aventure digne d'être contée".

Quelque suggestions de podcasts sur le marketing pour les auteur(e)s

The Creative Penn Podcast

The Book Launch Podcast

Writer’s Ink

The Writer’s Well



Marketing


Comment commercialisez-vous ou faites-vous la promotion de vos livres (par exemple : réseaux sociaux, e-mail, invitations sur des blogs, etc.) ?

J'utilise le système de connexion de Tim Grahl (Your First 1000 Copies, Tim Grahl). J'ai lu ses livres et je me suis inscrit à ses cours en ligne. Ils valent leur pesant d'or, et plus encore. (Et je n'ai aucune affiliation.)


Les éléments du système de connexion de Tim Grahl sont les suivants (en anglais) : Content, Permission, Outreach.


Pour ce qui est de la partie Content, j'ai un site Web de base : page d'accueil, pages de bio, livre et contact. Je l'ai créé facilement à l'aide du service Wix en quelques nuits blanches - sans aucun codage! J'y ai facilement ajouté un blog (Wix Blog).

Pour la partie Permission, je demande à beaucoup de gens la permission de les ajouter à ma liste de diffusion par email, pour laquelle j'utilise le service Mailerlite, que j'ai choisi car il offrait l'automatisation des e-mails gratuitement même lorsque je démarrais et que ma liste était encore inférieure à mille abonnés.

Pour Outreach, j'utilise les réseaux sociaux. Non seulement je connecte, suis, aime, re-tweete, et partage, mais surtout, j'invite personnellement les gens à se joindre à ma liste de diffusion. Je suis étonné de voir à quel point la réponse est positive jusqu'à présent : ma liste est passée de 0 à plus de 1680 abonnés en huit mois. (2225 en date du 20 mars 2022).



Quelles stratégies ont démontré le plus de succès pour vous ?

J'ai d'abord invité mes amis Facebook, et cela m'a apporté mes 200 premiers abonnés. J'étais aux anges !

Ensuite, je suis passé aux connexions LinkedIn. Surprise : la réponse a également été assez bonne. Pas aussi spectaculaire bien sûr, mais seulement parce que je m'aventurais dorénavant dans le domaine des gens qui ne me connaissaient pas encore. Ce qui a attiré mon attention sur LinkedIn, c'est à quel point il était facile d'y élargir ma base de connexions, d'à peine 600 au début à plus de 6000 de nos jours. Aussi, à quel point il y est facile de trouver d'autres écrivains.

J'ai aussi touché un peu à Instagram, où j'ai également rencontré des auteurs impressionnants. Je me suis inscrit au cours de Tim Grahl sur le marketing Instagram pour les auteurs, mais je ne l'ai pas encore suivi. Bientôt…


Puis ensuite, je me suis tourné vers Twitter. Beaucoup d'écrivains géniaux là aussi! Wow.

Une fois, j'ai publié un tweet avec le hashtag #WritersLift, qui m'a valu 300 nouvelles personnes abonnées au cours des jours suivants, toutes passionnées d'écriture. Le nerf de la guerre, cependant, c'est d'oser les inviter directement une fois connectées, car sinon vous vous retrouvez avec beaucoup de followers et de likes et de retweets - ce qui est super, soit dit en passant - mais pas tellement de nouveaux abonnés, et n'oubliez-pas que votre liste de diffusion, c'est votre ultime pain et beurre.

Pourquoi j'insiste autant sur la liste de diffusion ? Voici ce que dit Tim Grahl à propos des médias sociaux et du marketing de permission (en anglais).



Quel est votre meilleur conseil marketing ?

À la question « Quand dois-je commencer à construire ma plateforme ? » L'auteur et mentor en marketing Tim Grahl répond en plaisantant : « il y a trois ans ! »

Sans blague : commencez dès que possible, même si vous n'avez pas de livre à promouvoir ou à vendre ; c'est ce que je fais en ce moment. Je vous assure, c'est comme une explosion. J'ai appris tellement de choses depuis que j'ai commencé il y a quelques mois à peine, beaucoup de choses sur les gens et aussi des choses sur moi-même. J'ai repoussé, petit à petit et à mon propre rythme, les limites de ma zone de confort. Et j'ai eu l'occasion d'essayer toutes sortes de nouvelles choses.

Commencer tôt et progressivement vous permettra d'expérimenter beaucoup, et d'échouer gracieusement si jamais, de sorte que lorsque votre public grandira, vous serez plus expérimenté.





 

Avant de partir...



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